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Journal d'une fille paumée, ballotée par la vie.
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13 mai 2012

Le viol.

J'éprouve énormément de culpabilité, pas parce que je pensais que c'était de ma faute ou que je l'ai cherché mais parce que j'ai ressenti du plaisir, mon frère de dix ans mon aîné (en fait c'est mon demi frère, je déteste le fait que mes parents aient créé une surface lisse comme si on vivait au pays des bisounours, ça n'a jamais été mon frère, je le connais à peine, je le voyais peu) m'a allongé et m'a fait des attouchements avec la bouche "pour voir", sur des zones érogènes, et bien qu'on ne veuille pas, quand on touche à des zones érogènes, surtout à 6 ans, quand on a jamais touché ces zones là, le corps ressent du plaisir. Ce plaisir là je ne me le pardonne pas. Et puis il y a autre chose. Je n'aimais pas ce "frère" là, il était toujours méprisant envers moi, alors j'ai dit "non pas toi, je veux N.". N. était mon autre frère de 4 ans mon aîné, présent à côté. Objectivement ma réaction était normale, je le sais, j'étais obligée de subir ça, et puis ça se passait comme si c'était "normal", alors j'ai voulu éloigner cet agresseur qui m'était étranger en le remplaçant par mon frère avec lequel je vivais tous les jours et que j'aimais en temps que tel. Alors N. m'a aussi fait des attouchements, et ça, je ne me le pardonnerai jamais, c'est quand même moi qui l'ai entraîné là dedans. Je sais que ma culpabilité n'est pas fondée mais c'est comme ça, je n'y peux rien.

Après ça je n'ai plus jamais voulu montrer le bas de mon corps de la taille jusqu'aux chevilles à quiconque, même à ma mère. J'ai oublié tout ça et j'ai enfoui ça quelque part dans mon cerveau, en m'en souvenant comme si c'était un souvenir de rêve que j'avais fait, et je me disais "je suis folle pour rêver à des trucs pareils". Et depuis, à chaque fois que je suis en colère je ressens du plaisir à ce niveau là, je ne sais pas comment expliquer, c'est bizarre. Comme si le plaisir était couplé avec la colère et l'énervement.

Lors de ma première grossesse je me suis remémorrée ce souvenir de rêve et j'ai commencé à douter plus sérieusement du fait que ce ne soit qu'un rêve. Comment une petite fille peut elle imaginer un truc pareil? Le doute subsistait parce que je me disais que j'avais du voir un truc comme ça dans un film, et puis j'ai vu un psychiatre qui m'a dit qu'il n'en savait rien et qu'on ne pouvait pas savoir. J'ai continué à cherché des solutions pour démêler tout ça en me disant que l'hypnose serait peut être une solution. Et puis ma fille est décédée en moi au terme de la grossesse à cause d'une pré éclampsie, j'ai arrêté de réfléchir à cet inceste. Je suis retombée enceinte et j'ai eu un garçon.

J'ai pris conscience que je subissais des violences physiques et morales de la part de l'homme avec qui je vivais et je suis partie, pour atterir là où on voulait bien de moi avec mon bébé sous le bras, dans un centre maternel, au moins j'avais un toit et une protection, il ne me ferait plus de mal, il n'avait pas le droit d'entrer. Là bas il y avait une psychologue gratuite, j'ai pu parler de l'inceste, elle a même deviné l'histoire de la culpabilité à cause du plaisir, à l'époque je n'étais pas capable d'en parler. Elle m'a dit que ça s'était réellement passé, pour preuve je n'en ai pas parlé à ma mère à qui je disais tout, si ça n'était qu'un rêve, il n'y aurait pas ce sentiment de secret et de culpabilité intense. Et puis j'ai réfléchi, j'ai pris conscience que mes complexes venaient de là, ces complexes qui m'ont gaché la vie, vie que j'ai construit autour de ces complexes, on ne peut pas gacher sa vie juste à cause d'un rêve! Du coup ces complexes ont en partie disparus, j'ai commencé à mettre des robes et des jupes vers 21 ans!

J'ai parlé brièvement de cette histoire à ma mère, elle m'a dit qu'à l'âge de six ans j'ai commencé à avoir des complexes bizarres du jour au lendemain, j'ai donc su que ça a eu lieu à cet âge. Avant ça je pensais c'était 7 ans, pas plus parce que ça s'est passé sur le canapé dans notre maison à Vitry, et on a déménagé quand j'avais 7 ans.

Depuis (je viens d'avoir 23 ans), ça continue de me tourmenter, des fois je retourne un peu en arrière en me demandant si je ne suis pas folle et si je n'ai pas inventé tout ça. Souvent la nuit je fais des cauchemars terrifiants où quelqu'un me traque, veut me violer. Parfois, il y arrive, et après il traque ma famille, mon père, ma mère, ma soeur, et je dois les proteger, mais j'échoue.

Je sais que j'avance, qu'y réfléchir est bénéfique et que ce n'est "qu'en remuant la merde qu'elle finit par sortir", mais c'est dur.

J'ai commencé un échange de mails avec une amie de longue date de ma mère, V., elle a été violée à 17 ans, aujourd'hui elle doit avoir 45 ans; je lui pose des questions, par exemple si elle se sent mieux aujourd'hui, et ses réponses (même si pas très positives) me font du bien parce que je peux enfin en parler avec quelqu'un qui me comprend, même si nos viols ne sont pas comparables.

C'est dur de vouloir être heureuse. J'espère qu'un jour je serai apaisée, jusque dans mon inconscient.

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