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Journal d'une fille paumée, ballotée par la vie.
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6 octobre 2010

Première grossesse et deuil périnatal.

Voilà une grosse pièce du puzzle de ma vie. Je me suis toujours dit, malgré tout, que j'avais de la chance. Maintenant que je suis passée par le deuil de mon propre enfant je me demande si ce n'est pas l'inverse. Enfin, de toute façon je ne crois plus à une quelconque destinée, que ce soit chanceuse ou non, je me dis que tout est à écrire.

J'ai eu une première grossesse tres dure physiquement, avec beaucoup de fatigue, des maux de dos horribles à vivre et plein de symptomes liés à la grossesse. Mais ma bébé allait bien, par contre elle était tres petite, les deux première echos elle etait a la limite de ne plus etre dans la courbe niveau poids, et la derniere echo elle n'y était plus. mais la gynéco nous a assuré que ce n'etait pas grave du tout, que c'était fréquent, elle s'était même moquée de moi parce que je m'inquietais, ça m'avait fait beaucoup de peine d'ailleurs, je m'étais sentie nulle et incomprise (n'est ce pas normal de s'inquieter pour son enfant?)

Deux-trois semaines avant le 16 mai 2009 (jour de mon accouchement), j'ai pris enormement de poids tout d'un coup, j'étais bouffie, le visage, les bras, les jambes, j'avais des problemes de circulation, mes chevilles étaient vraiment énormes, sans exégérer, d'ailleurs ça me faisait rire parce que je me comparais a elephant man. mes pieds etaient tellement gonflés qu'on aura dit que la peau allait fissurer. j'ai vu la gynéco, qui m'a prescrit des bas de contention, et qui s'est encore moqué de moi quand je lui ai dit que la prise de poids me genait, d'autant plus que je ne mangeais pas comme un ogre (j'ai pris 33 kilos durant cette grossesse, sans compter le poids de bébé et du liquide amniotique, je me suis pesée une fois rentrée chez moi, apres l'accouchement).

J'avais de la tension à chaque prise mais elle redescendait a la limite du normal au bout de 5 minutes de repos, donc les medecins (gynéco et généraliste) ne s'en sont pas occupés.

Un jour je ne l'ai pas beaucoup senti bougé, je me suis inquietée. le soir, dans le lit je ne la sentais plus du tout, alors que d'habitude a ce moment là elle bougeait beaucoup. C. a dit qu'elle devait dormir, d'arreter de m'inquieter. cette nuit là je n'ai pas reussi a dormir, je sentais que quelque chose n'allait pas, mais je me suis souvenue de toutes les fois où la gynéco s'est moquée de moi parce que je m'inquietais trop, alors j'ai pris sur moi, et j'ai essayé de dormir, en vain. vers 3h du matin, je suis allée réveiller C., en lui disant que je sentais que quelque chose n'allait pas, je le sentais vraiment. alors j'ai appelé la maternité, qui m'a dit de venir pour verifier que tout va bien, ils m'ont dit, "prenez une douche, et venez tranquillement".
quand je suis allée sous la douche, je sentais de la tension partout dans mon corps, je n'etais vraiment pas bien, lourde, gonflée de partout, et tout d'un coup, j'ai senti comme un soulagement, comme si on m'enlevait un enorme poids dans tout mon corps. j'avais l'impression d'avoir des ailes. je me suis dit que ma bébé devait aller mieux, et je suis partie a l'hopital le coeur leger, en pensant qu'ils allaient me rassurer et qu'on allait repartir tres vite, avec en bonus une écho en plus!

Nous sommes arrivés et les sages femmes m'ont installé dans une salle d'admission. elles ont pris un apareil pour écouter le coeur et m'ont posé plein plein de questions, est ce que je suis tombée, est ce que je me suis cognée, est ce que j'ai eu des pertes, quand je l'ai sentie bougé la derniere fois... j'ai répondu a tout jusqu'a ce que je me rende compte qu'on entendait pas le coeur. elles ont dit que l'apareil devait etre defectueux, que ca arrivait qu'on entende pas. elles ont alors sorti l'apareil a écho, et on entendait toujours pas le coeur mais moi je m'en fichais, ce qui m'a interpellé, c'est qu'elle ne bougeait pas du tout sur l'écran. j'ai posé la question, et la sage femme m'a dit qu'elle ne savait pas, qu'elle n'était pas spécialiste des échos (je me suis dit, bah dis donc, elle est sage femme et elle sait pas interpreter une écho! ça m'agaçait). les deux sages femmes nous ont dit qu'un medecin allait arrivé bientot, entre temps elles m'ont mi un brassar pour la tension qui en prenait toutes les 2 minutes, enfin je ne sais pas exactement mais je me souviens que ca me faisait mal au bras tellement les prises etaient rapprochées. le medecin est entré, il m'a reposé les mêmes questions, j'ai rerépondu. je sentais que quelque chose n'allait pas et je comprenais pas pourquoi ils étaient si lents, si bébé était malade, pourquoi ils s'activaient pas a faire quelque chose?
Quand il a vu que je ne comprenais toujours pas, il m'a dit "madame, il n'y a plus de frequence cardiaque là". et là je me suis dit que c'etait pas possible, je faisais un cauchemar, c'etait une blague, une caméra cachée, ou alors que bébé me faisait une farce et que son coeur allait reprendre. j'ai dit "c'est pas possible" et j'ai cru que la terre s'ouvrait sous mes pieds, une des sage femme a commencé a pleurer en meme temps que moi. j'ai arraché tous les trucs qui m'attachaient, sangles sur le ventre, brassar de tension, et je me suis recroquevillée en fermant les yeux en pensant que j'allais me reveiller. le medecin a dit "si c'est possible madame, je suis désolé" il m'a alors expliqué qu'il fallait qu'elle sorte, par voie naturelle, et ils m'ont donné des médicaments. au debut j'ai a peine écouté parce que je me suis dit que son coeur allait reprendre d'un moment a l'autre, j'attendais avec impatience qu'elle rebouge dans mon ventre. et puis au fil des heures j'ai commencé a envisager qu'elle ne vivait plus, même si j'attendais qu'elle se "reveille". c'est là que je me suis dit que je ne survivrai pas, je pensais vraiment que j'allais mourir, pour moi c'etait inconcevable d'accoucher d'un bébé mort, j'allais mourir moi même.

On nous a dit qu'on aurait la possibilité de la voir et de la prendre dans nos bras, que c'etait mieux si on le faisait, beaucoup de parents ne le faisaient pas et le regrettaient par la suite. j'ai dit non categoriquement, je ne voulais pas parce que je savais que si je la voyais je ne l'aurais jamais laissée partir loin de moi, je ne les aurais pas laisser l'emmener, C. ne voulait pas la voir non plus.

Les contractions sont venues tres vite, et quand le moment est arrivé, j'ai dit à C. qu'il n'etait pas obligé de rester, je lui ai dit adieu comme si c'etait la derniere fois qu'on se voyait, et il est parti. j'ai eu plein de contractions mais je n'arrivais pas a pousser, je n'y arrivais vraiment pas, je ne voulais pas qu'elle sorte, et surtout je ne voulais pas la sentir, la visualiser, pour ne pas avoir trop de peine. les sages femmes m'ont dit "allez il faut qu'il sorte ce bébé". une fois sortie, j'ai attendu les cris, en me disant, aller, on oublie tout ça, c'était une mauvaise blague, elle va pleurer. et quand elles l'ont amené dans la piece d'à coté, je me suis sentie sans force, sans raison de vivre, sans rien, démunie de tout, une baleine échouée, je n'ai même pas levé la tête. elles ont appelé C. et nous ont reproposé de la voir, et finalement C. et moi avons changé d'avis tous les deux. comme on avait rien prévu elles l'ont habillé avec des vetements de l'hopital, et une sage femme est venue avec elle dans les bras, en disant "qu'elle était encore chaude".
pour accoucher j'ai du enlever mes lentilles de contact et je n'avais pas mes lunettes sur moi (je suis myope, quasi aveugle sans lentilles) donc je l'ai vu floue. on nous a dit qu'on pourrait la revoir le lendemain.
Ce qu'on a fait, ils l'ont amené dans un berceau, et cette fois ci j'avais mes lunettes. c'est là que j'ai senti la déchirure, le besoin animal, comme si j'etais une louve dont on avait tué le bébé, j'avais l'impression d'imploser, chaque cellule de mon corps réclamait ce bébé, j'avais envie de la prendre contre moi et de lui donner le sein (alors que l'allaitement a la base j'avais pas trop envie), de la renifler, de la caresser.

Apres tout ça, j'ai réfléchi, et je me suis rappelé la sensation de bien etre ressentie sous la douche, et j'ai compri, que c'etait a ce moment là qu'elle est partie. mon corps devait lutter, lutter, et quand elle s'est éteinte mon corps a été "soulagé", voila pourquoi je me sentais bien tout a coup, c'est horrible en y repensant.

Un jour j'ai lu que pendant chaque grossesse, quelques cellules du bébé vont dans le sang de la mère. ça m'a fait du bien, parce que je me suis dit que j'avais dans le sang un peu de ma bébé, tout le temps avec moi. j'ai donc en moi des cellules de tous mes enfants, c'est tellement beau! (j'ai avorté à l'age de 16 ans, j'ai donc fait 3 enfants)

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Commentaires
A
C'est bouleversant, ce que tu viens d'écrire.
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