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Journal d'une fille paumée, ballotée par la vie.
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2 octobre 2010

lutte.

Il est 4h03 du matin et je me sens seule, je m'ennuie. Je lutte pour ne pas aller le rejoindre. J'appuie fort sur mon hématome pour que la douleur me ramène à la raison.

Il est 5h05. Je n'arrive pas à dormir, et pourtant j'essaie, je m'étais mis dans le noir complet. Demain je serai épuisée et il me dira que j'avais qu'à dormir.

J'ai envie d'aller le réveiller et d'aller dans ses bras. J'ai envie qu'il me fasse des bisous dans le cou. J'ai envie que rien ne se soit passé, qu'il n'y ait jamais eu cette gifle, sans elle je n'aurais pas fait les démarches pour partir. J'ai envie d'avoir une discussion, je ne veux pas partir. Le fait de cacher mon départ est trop lourd à porter. Je lutte pour rester dans ce lit, il ne faut pas aller dans la chambre à côté.

Je vais forcément le revoir un jour, après mon départ, comment vais je réussir à le regarder dans les yeux?

La juriste a dit "il faut partir maintenant, vous êtes jeune, il faut partir avant d'être trop esquintée".

J'essaie de penser au positif qui m'attend, mais je me demande si je serai infantilisée dans ce foyer. Est ce qu'on va me dire comment je dois élever mon fils? Hier, j'ai fait quelques recherches sur internet pour en savoir plus sur ce genre de foyer, c'était marqué que les personnes qui nous aident servent à creer un lien avec notre enfant quand il n'y en a pas, ou à servir de séparateur quand la relation est trop fusionnelle. J'ai peur qu'on me dise quoi faire, comment, quand... avec mon bébé. ffff il faut que je garde en tête que c'est temporaire, le temps de trouver un travail, d'avoir un salaire, et après je m'envole, nous nous envolons.

Va t-il y avoir une cantine, comme dans un internat, ou a t-on une kitchenette, comme un studio? Va t-on me donner des sous que je devrai gerer, ou bien tout ce dont j'ai besoin directement? Vais je devoir payer un loyer? Va t-on me surveiller, passer le soir pour voir si tout se passe bien?

Que vais je dire à ma mère? Que vais je dire à mes amies? Je n'ai parlé des violences à personne. J'ai tellement honte.

Je n'aurai plus accès à internet, plus d'ordinateur, plus rien en fait. juste un sac rempli de vêtements de bébé. C'est pour lui que je le fais, je renonce à tout, au beau jardin, à la grande maison, j'abandonne mon confort, je laisse celui avec qui j'avais prévu de passer ma vie, tout ça je le fais pour lui donner une chouette vie, sans conflit, sans avoir à entendre hurler ses parents, sans voir son père taper sur sa mère. Je connais trop bien le phénomène de répétition, chaque génération porte la croix de celle d'avant. Je ne veux pas qu'il porte la mienne, ni celle de son père.

Je vais à nouveau essayer de dormir, il est 5h27.

Je ne dors toujours pas.

la juriste a dit "il va recommencer, de plus en plus fort". Au fond de moi je sais que c'est vrai. Il n'est pas méchant en soi mais quand il est énervé il n'a plus le controle. En plus, il ne comprend pas la gravité de la situation, pour lui ce qu'il fait n'est juste pas bien, au même titre que quand moi je boude, et en plus c'est toujours de ma faute. C'est à ni rien comprendre.

Apparement ça a l'air different cette fois ci, en tout cas il a dit "je sais que c'est impardonnable ce que j'ai fait, mais je suis à bout aussi". Bon passons le "je suis à bout", il a conscience que c'est impardonnable. Mais il ne s'est pas excusé. Ca s'est passé un matin avant qu'il aille au travail. Malgré ma surprise et ma peine j'ai du aller préparer le biberon après, bébé était réveillé. Il m'a suivi partout en attendant que je lui dise quelque chose, et je n'ai rien dit. Il m'a demandé si mes lunettes étaient cassées quand je les ai regardé longuement, je n'ai pas répondu.

Depuis, on fait comme si rien ne s'était passé, même si il y a une énorme tension. La seule fois où nous en avons reparlé c'est le soir même, une fois bébé couché, j'ai dit "tu as vu que j'ai un hématome et un début de coquard?" il a dit que non, car bien sur il n'a pas regardé, il ne s'est pas inquieté de savoir comment j'allais, je suis sure que dans sa tête ce n'est qu'une simple gifle, et une gifle ne fait de mal à personne. Déjà que pour lui une femme enceinte est faite pour avoir des enfants, donc pas de compassion, ou si peu, sur les douleurs et maux qu'elle peut ressentir, "la grossesse n'est pas un handicap" m'a t-il dit. Bref. J'ai enlevé mes lunettes pour lui bien lui montrer en disant "comme ça tu ne pourras pas dire que je mens quand je dirai que j'avais un hématome".

Moi même je sais que ce n'est pas une simple gifle, même si en soi ça l'est, mais c'est plus complexe. Je sais qu'il n'a pas à me faire ça, mais il y a cette petite voix dans me tête qui me dit que ce n'est rien, il ne recommencera pas, c'est pas comme s'il m'avait passé à tabas.

Alors je me sens comme quand j'étais petite, quand j'avais mal ou quand je me plaignais, mon père disait que je faisais la comédie. Et toute ma vie j'ai eu cette impression, j'ai beau savoir que ce que je ressens est réel, je culpabilise, et je me dis "tu fais de la comédie". Et je me persuade qu'autour de moi, les gens ne vont pas me croire, vont remettre en question ce que je dis, je vais devoir me justifier encore et encore.

Il est 6h00 et je redoute le réveil, je vais être comme une zombie toute la journée, à esperer que bébé fasse sa sieste. je suis completement décalée. J'ai hate d'avoir un travail, n'importe lequel, pour retrouver une vie saine, pour voir du monde.

J'ai perdu 3 kilos en un jour. Hier encore je pesais 80kilos, aujourd'hui je fais 76,9. Je n'ai plus envie de manger, pourtant il y a plein de chocolat. Je n'ai mangé que durant le repas du soir avec C., en finissant ma viande je me suis dit que je mangerais bien une glace, mais j'étais tellement préoccupée que j'ai oublié. Et là je pourrais aller la chercher mais je n'ai même pas envie. Me connaissant c'est vraiment quelque chose d'extraordinaire, jamais je n'aurais cru que ça m'arriverait. Je sais faire des régimes et me restreindre à moins manger, mais ne plus avoir envie de manger... je ne croyais pas ça possible.

Je fais un pacte avec moi même, c'est décidé. Je ne me mettrai plus en couple avant longtemps. Peu importe si je rencontre quelqu'un, peu importe s'il me plait, j'ai DECIDE que je ne me mettrai en couple avec quelqu'un d'autre QUE si je le connais très bien, si j'en ai fait le tour en temps qu'ami pendant des années. Je ne sais pas si tous les hommes qui ont subi des maltraitances étant enfants finissent par maltraiter à leur tour. Je redoute de rencontrer à nouveau quelqu'un comme ça. Etre célibataire ne me dérange pas, je veux le rester, pourvu que je ne fasse pas de rencontre tout de suite, il faut que je souffle, que je me retrouve, que je prenne soin de moi. j'ai trop pris soin des autres sans qu'on m'apporte quelque chose en retour. J'ai trop pris les tourments des autres pour moi, mais ça suffit, j'en ai assez moi même. Est ce que ça existe un homme qui ne soit pas égoiste? Un homme qui ne pense pas à lui avant de penser à moi, comme moi je le fais? Un homme qui voyant ma detresse quand je suis au plus bas met tout de coté pour me soutenir? Un homme qui serait présent après que sa femme a accouché d'une petite fille morte à huit mois de grossesse. Mais ça c'est encore une autre histoire. Un jour je recenserai toutes les fois où il a été d'un égoisme FOU, et je les relirai quand l'envie me prendra de le prendre dans mes bras.

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